J’ai décidé d’écrire ce livre en 1993 au cours d’un voyage d’étude au sein du continent africain. Ma recherche portait sur la gestion et la culture dans les sociétés des pays visités : Zaïre (devenu Congo démocratique), Nigeria, Burundi, Côte d’Ivoire, Mali, Zambie, Afrique du Sud, Kenya, Angola, Guinée Equatoriale, Sénégal, Tunisie. Ce voyage a rendu inébranlable ma foi en la créativité de l’Africain, en sa capacité à trouver lui-même des solutions à ses problèmes et j’en suis arrivé à la conviction qu’il n’est pas né pour souffrir de la faim ou de la misère. Pourtant, il en souffre. Ma conviction a été renforcée par la lutte contre la pauvreté que j’ai engagée en 1990. J’étais parti d’un constat simple et amer: en Afrique, la population augmente plus vite que la croissance économique. Les grandes endémies ont élu domicile sur le continent. Le savoir et le savoir-faire, nés en Afrique il y a des millénaires, ont laissé place à l’ignorance et à l’obscurantisme. Il s’ensuit qu’il est difficile d’améliorer le sort de la population sans changer la manière de penser, le mode de vie, sans une remise en cause des théories et pratiques du développement. Mon combat pour une Afrique digne trouve ici toute sa justification. Il s’agit certes d’une aventure et, comme dans toute aventure, le chemin est parsemé d’embûches. Mon ambition est de faire partager le pathétique et le comique, tant l’image que l’Occident se fait de l’Afrique peut être fausse (et souvent féroce), tant aussi elle peut contenir une part de vérité. Dans les pages qui suivent, j’ai fait sans doute des omissions dues à mon ignorance, à une connaissance partielle du monde économique en général, du monde économique africain en particulier. J’ai du moins la prétention d’avoir une idée assez exacte des us et coutumes d’Afrique, d’avoir mené également des études, des analyses en tant que chercheur en sciences de gestion, enfin, d’évoluer depuis mon jeune âge dans ce système, ce qui m’a conduit à chercher le bienfondé de pratiques ancestrales, d’avoir même essuyé le rejet de certains pour avoir pris conscience des problèmes d’une économie désarticulée. Je me suis en tout cas efforcé de me tenir le plus près possible de la réalité. Nous interroger sur nos faiblesses, mettre en évidence nos défauts n’est pas, à mes yeux, un aveu d’impuissance, c’est au contraire le moyen de mobiliser une énergie latente. Il n’y aura donc pas d’essor sans une force qui conduise à une véritable résurrection. Et il n’y aura pas de résurrection sans une réelle prise de conscience, laquelle suppose une remise en cause de soi, un nouvel état d’esprit qui changera l’état d’insouciance dans lequel l’Afrique vit aujourd’hui. Ma conviction est faite, en recevant de plein fouet le choc du futur, en me rendant compte de l’évolution de l’économie africaine en général, de l’économie camerounaise en particulier, il m’est apparu que nous sommes en- gagés dans une impasse. Je suis également certain qu’avec d’autres moyens, d’autres façons de voir et de penser, nous pourrons sortir de cette impasse où nous nous enfonçons en cédant à des pressions diffuses, à des assurances douteuses, à la douce séduction de l’aveuglement qui prévaut dans le voisinage. Je ne peux terminer cet avant-propos sans adresser des remerciements chaleureux aux personnes envers lesquelles je suis redevable d’un apport précieux. D’abord, à mon épouse Julienne, qui, tous les matins, à 4 h, m’interpellait et m’encourageait à aller au bout de cette réflexion. Ensuite, au professeur Maurice Kamto, pour ses conseils et critiques, et au Dr Jean- Pierre Fogui, qui a bien voulu jeter un regard critique sur le manuscrit de cet essai. Leur attention au sens des mots m’a aidé à éviter bien des fautes et imprécisions. Remerciements, enfin, à tous les amis et collègues, ainsi qu’à mes enfants, qui m’ont aidé dans mes recherches.
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