Latitudes féminines

«         Ce n’est pas l’apitoiement sur soi qui soulage la peine, encore moins de feindre que nous allons bien. Et pourtant, il m’a bien semblé au détour d’une lecture, avoir appris que lorsque l’on se dit que tout va bien, lorsque l’on se convainc que l’on est dans le meilleur des mondes, notre esprit finit par le croire et nous allons réellement mieux. Après des jours à m’être répétée au bord des larmes que ma vie était parfaite alors que chaque fibre de mon corps m’indiquant le contraire, je me suis détachée de cette approche théorique qui me disait comment surmonter la douleur.     
Ebranlée, la seule chose que j’étais capable de faire était de contempler les vestiges de mon univers qui venait de s’ébranler. Triste fin. Ma dépression était sans doute bien trop profonde pour que je réussisse à me leurrer en rabâchant des mots que je ne pensais même pas. Pourtant, pendant un court instant, je suis parvenue à submerger mon cerveau de souvenirs joyeux mais, hélas, fugaces. Fragments éphémères d’un bonheur passé qui, à peine ressassé, s’éloignait déjà. Il y a parmi eux ces fragments éphémères de ton sourire, le goût de tes lèvres, ton odeur et tant d’autres choses que je me dois d’oublier. »

Dans un roman à l’écriture fulgurante, Essie Kelly donne la parole à des femmes quià tour de rôle se racontent. Elles expriment les débâcles de leur vie de femme souvent tumultueuse et leurs efforts pour rester dignes malgré les échecs et les douleurs. Des femmes éprises de liberté qui maintenant plus que jamais veulent s’affirmer.