Marguerite Abouet s'est souvenue de sa jeunesse pour mettre en scène le personnage d'Aya, une jeune fille de Yopougon, ce quartier populaire d'Abidjan. Avec leurs amis, leurs familles et leurs amoureux, Aya et ses inséparables copines Adjoua et Bintou nous font découvrir une Afrique éloignée des clichés qui collent trop souvent à l'image du continent noir. Une série mise en images avec talent par Clément Oubrerie.
Bienvenue à Yopougon ! Avec ce quatrième tome des aventures quotidiennes de leur sympathique héroïne Aya, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie entraînent leurs lecteurs à la découverte de Yopougon, un quartier populaire d'Abidjan dans lequel la scénariste a passé sa jeunesse. Bon voyage.
Et revoilà Aya ! Il s'en passe de drôles à Yopougon, ce quartier d'Abidjan (Côte d'Ivoire) où vit l'héroïne de cette série pas comme les autres. Dans ce quatrième tome, pour une fois, tout commence à Paris par une journée grise et pluvieuse. Innocent débarque en France par 12 degrés à 6 heures du matin et dit au douanier qui lui demande s'il a quelque chose à déclarer : « Rien, monsieur, à part ma propre personne ». Quelques cases plus tard, après avoir eu le plus grand mal à trouver la maison de son cousin Célestin (il faut dire qu'à Paris, « y a même pas de vendeuse de cul de dindon pour demander sa route », ce qui ne facilite guère la tâche de ce pauvre Innocent), il s'apercevra que la vie dans la grande ville est plus difficile que ce qu'il imaginait, là-bas, dans son Afrique natale. Pendant ce temps, à Abidjan, la vie continue. Aya patine dans ses études de médecine et commet l'erreur d'accepter des cours particuliers chez son prof de biologie (attention aux MST, les « moyennes sexuellement transmissibles » !), sa copine Bintou se lance dans une activité de « conseillère en gars » (ce qui nous vaut une savoureuse séquence traitée sous forme de roman-photo) et le vieux Zékinan essaie de récupérer sa fille Félicité (dont il avait un peu oublié l'existence), devenue une vedette dans les rues de la capitale. Bref, à Yopougon, la vie continue. Loin des clichés dont les médias nous abreuvent régulièrement dès qu'il s'agit d'Afrique, et c'est l'un des charmes de cette série : nous montrer une Afrique différente, bien éloignée des habituelles images de guerre, de misère et d'épidémies. Cette Afrique-là, c'est celle qu'a connue la scénariste, Marguerite Abouet, quand elle n'était encore qu'une adolescente dans les rues d'Abidjan. C'est celle des années 1970, heureuse et insouciante, pleine de joie de vivre et d'enthousiasme. Marguerite Abouet, qui a quitté la Côte d'Ivoire en 1983 pour venir s'installer à Paris, décrit avec humour et un sens aigu de l'observation la vie quotidienne des habitants de Yopougon. Et Clément Oubrerie, son complice dessinateur, croque d'un trait malin, plein de vivacité et d'espièglerie, des personnages hauts en couleur à la bonne humeur contagieuse. Comme dans chacun des trois volumes précédents, ce quatrième tome d'Aya est fort utilement complété par un petit lexique indispensable pour apprécier pleinement les expressions savoureuses utilisées par les personnages. Et ceux qui souhaitent aller plus loin n'auront qu'à se concocter une recette typiquement africaine glissée par Marguerite Abouet à leur intention. Cette saga d'Aya est décidément l'une des bandes dessinées les plus originales et les plus passionnantes du moment, dêh !
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